Sortie à Sète (5 octobre 2024)
À une journée près, un épisode cévenol aurait empêché la réussite de cette magnifique journée du samedi 05 octobre 2024. Tous les ingrédients sont réunis comme par magie : beau temps ensoleillé, vent calme, mer d’huile, visibilité excellente, plus ce besoin et cette joie de se retrouver entre anciens bérets bleus pour apprécier ce moment intense chez les Sétois dans une ambiance euphorique, un peu pataouète espagnole, italienne. Gilbert, notre secrétaire-organisateur, a bien maîtrisé son affaire.
À 09 h 30, les 19 participants sont là et notre président est ravi de les accueillir autour d’un bon café, chez Jean-Marc Vitale et sa famille dans leur mas ostréicole. Le temps d’une pause et d’une photo de groupe, l’Escale sétoise, bateau 100 % électrique, se présente pour une excursion maritime sur l’étang de Thau, les canaux de Sète, le port, une sortie en mer et retour au point de départ. L’embarquement se fait sans encombre directement du mas et la visite sera commentée par le second du capitaine.
Nous voilà partis vers le lycée de la Mer situé à la pointe du Barrou, sur un plan d’eau calme mais animé par des mouettes et des gabians. Cette institution voit le jour le 27 octobre 1851, et l'école navale de Sète est fondée dans le respect du testament de Paul Bousquet, pour que soient formés « de bons marins, des hommes instruits avec une priorité pour les orphelins de marins ». L’établissement a depuis accompagné chaque progrès dans les normes de sécurité internationales par la mise en place des formations et des matériels correspondants. Elle sera, tour à tour, école navale, école d'apprentissage maritime, école maritime et aquacole, pour devenir aujourd’hui le lycée de la Mer Paul-Bousquet.
En nous approchant du lycée, nous passons à bâbord, près d’un blockhaus en ruine construit par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale, devenu un lieu de reproduction pour les poissons et un repère de chasse pour les plongeurs.
En face, un îlot mythique, le rocher de Roquerols, entre Balaruc-les-Bains et le Barrou, lieu de détente de notre illustre chanteur Georges Brassens et de ses copains.
Quelques minutes après, retour sur les canaux car la visite de Mèze et des tables à huîtres avait déjà eu lieu. À l’entrée du canal principal, sur bâbord, la fameuse Pointe Courte avec son petit port et ses maisons construites il y a plus de 150 ans. À l’origine, elle était constituée de cabanes de pêcheurs faites de bric et de broc, de barques, de casiers et de filets de pêche qui séchaient au soleil. On y reviendra mais à pied.
Sur tribord, en face de la Pointe Courte se trouve la Pointe Longue qui héberge un impressionnant bâtiment. Fondée en 1879 par Armand Sabatier, médecin anatomisme, professeur de zoologie à la faculté des sciences de l’université de Montpellier, au même moment que les grandes stations marines de Roscoff, Banyuls, Villefranche ou Monaco, la station marine de Sète sert depuis l’origine de point d’appui aux recherches, à l’observation et à la formation dans le domaine de la biologie marine.
En nous dirigeant vers le canal de Sète nous avons l’occasion de voir le pont de la gare levé à notre passage, juste avant le nouveau pont Sadi-Carnot. L’ouvrage de 430 tonnes, qui permet également la continuité de la liaison navigable entre la mer et l’étang de Thau, a retrouvé sa place pour le bonheur de tous, le vendredi 12 juillet 2019 après 11 mois de travaux. Ce chantier colossal a permis de remplacer l’ouvrage précédent vieux de 70 ans, rouillé et vétuste.
Ensuite direction le pont de la gare ouvert, en passant devant le bassin du Midi, avec une partie du nouveau port de plaisance hébergeant des unités de croisière de luxe. Puis remontée vers le port de commerce, en passant devant la capitainerie à tribord (affaires maritimes), le quai du Maroc. À bâbord, une vue sur le village du père Noël construit pour le montage du feuilleton Demain nous appartient et ensuite le port commercial de Sète, avec la gare maritime Orsetti. En sortant vers la mer, nous passons devant une chaussée empierrée longue de 650 mètres, construite lors de la fondation de la ville, où trône le phare Saint-Louis. Construit vers 1680, démoli en 1944 par des mines allemandes, il a été reconstruit en 1948. Aujourd’hui, il continue de signaler l'entrée du chenal et il est désormais ouvert au public. Il faut gravir les 126 marches de cet incroyable belvédère pour profiter d'une vue à 360° sur le port de commerce, le port de plaisance et la vieille ville.
À la sortie du port, nous nous dirigeons vers le théâtre Jean-Vilar (dit Théâtre de la Mer) avec une vue sur le mont Saint-Clair et le cimetière marin. Ce théâtre à ciel ouvert est en fait un ancien fort, le fort Saint-Pierre, situé sur la corniche de Sète avec le sémaphore. Disposé en amphithéâtre face à la mer, il bénéficie depuis 1970 d’une acoustique exceptionnelle.
Retour par le même chemin avec une vue à tribord sur le brise-lames qui protège le port de Sète. Cet ouvrage construit en 1821 en arc de cercle a fait l’objet de plusieurs modifications, pour atteindre aujourd’hui une longueur de 1,9 km. C’est le petit paradis des Sétois qui viennent souvent y piqueniquer, bien que ce soit interdit.
Après une bonne heure de balade, le retour au point de départ et le débarquement des participants se sont déroulés sans problème. Après une pause, nous sommes repartis à pied visiter la Pointe Courte. C’est un quartier purement sétois où les biens restent généralement dans les familles. Le quartier conserve soigneusement ses marques du passé avec ses ruelles pittoresques et ses cabanons de pêcheurs ; il suffit de s’attarder sur le nom des rues pour appréhender l’atmosphère de ce quartier si typique, ayant gardé un agréable parfum d’authenticité. Aujourd’hui, les habitations ont changé de forme, mais les cabanes et l’odeur de poisson frais persistent. Les « Pointus » vivaient des petits métiers de la pêche dans l’étang de Thau et ont façonné leur propre identité, tout aussi exceptionnelle que leur petit quartier. Aujourd’hui, les pêcheurs en ciré jaune se retrouvent toujours sur place pour stocker le matériel, rigoler et pêcher de la belle daurade, imperturbables face aux passants curieux.
La visite débute par un cabanon en bois qui est un refuge pour chats géré par l’association de protection des chats Pattes de velours. Des chats se promènent un peu partout à la Pointe Courte !
À l’entrée de la digue Georges-Brassens se situent les baraquements des pêcheurs, alignés et dotés de panneaux piqués par-ci, par-là. On peut y déguster des coquillages, boire un verre aux Copains d’abord. Heureusement il existe encore des endroits en France où l’on peut humer l’authenticité. C’est donc autour des produits de la mer que la gastronomie locale a développé des recettes parfumées et conviviales. La rouille de seiche, confectionnée avec le poisson fraîchement pêché venu aux halles, est devenue une recette emblématique de la cuisine sétoise. Nous irons ensuite nous balader dans les traversées entre les deux digues dont celle baptisée Agnès-Varda (cinéaste réputée à Sète).
Vers midi, retour au mas pour la détente mais son propriétaire tient à nous montrer ses bassins d’élevage d’anguilles de mer, de homards, les bassins de décantation d’huîtres et de divers coquillages (moules, palourdes, escargots de mer etc.). Vers 12 h 30 c’est l’heure des agapes autour d’un apéritif local, breuvage appelé Rebujito (mélange de muscat sec du terroir et limonade macérant avec de la menthe sauvage dans le frais). Ensuite nous avons dégusté la brasucade de moules avec une sauce délicieuse, puis des crevettes cuites. S’en sont suivis les fameux plateaux de fruits de mer, accompagnés d’un vin blanc sec bien frappé puis le dessert et le café.
Dans une ambiance euphorique, nous nous sommes séparés satisfaits d’avoir passé une excellente journée, avec la promesse de se retrouver. Chacun a rejoint ses pénates vers 16 h.
Un grand merci à nos hôtes.
Gilbert MORALES